A chacun son destin et ses choix, dans tous les domaines de la vie. Seulement voilà, il n’est pas toujours facile de prendre ce dernier en main et d’assumer les décisions prises quant à celle, ou celui, que nous voulons devenir.
Certaines personnes ont toujours su ce qu’elles voulaient faire de leurs vies. Elles n’ont fait que suivre la trajectoire qu’elles avaient, au préalable, parsemée de petits cailloux blancs pour retrouver leur chemin.
D’autres n’ont pas eu à faire de choix, leurs parents les ont fait pour eux.
Enfin, il y a ceux pour qui, paradoxalement, faire un choix est synonyme de renoncement à un autre idéal. Par conséquent, le doute s’installe, les réalités se déforment, les envies se multiplient sans jamais laisser place au vrai questionnement.
Le temps passe. Nous avons peur de décevoir, de perdre notre temps en reprenant tout depuis le début. Nous nous oublions dans la vague routinière dont l’écume se disperse avec nos rêves.
Sherif Mamdouh, un homme qui a eu le courage de se regarder le cœur dans le miroir, nous raconte son histoire.
Il était une fois, la banque
Sherif Mamdouh a débuté sa carrière dans le milieu bancaire, au sein d’une banque de la place genevoise, alors qu’il était encore étudiant. A cette époque, cela représentait un moyen de financer l’écolage de ses études, puis un statut confortable dans la société.
Diplômé d’un Bachelor en Management auprès de la Webster University, les choix qui s’offraient à lui étaient bien trop vastes en la matière. C’est pour cela que continuer dans la banque était alors un choix logique et simple.
Cet environnement lui a permis de développer certaines de ses compétences dans des postes bancaires variés. Malgré ses qualifications reconnues et appréciées, un transfert à l’interne et une mésentente lui ont valu un licenciement. L’atmosphère en banque durant la crise de 2008 était extrêmement tendue, et les employeurs, dès lors, avaient pleinement conscience de leur pouvoir en des temps économiquement difficiles.
Le survol d’une enfance
Lorsqu’il était enfant, le rêve de Sherif Mamdouh avait des allures plus romantiques qu’ambitieuses. Il se voyait plus tard fonder une famille et la rendre aussi heureuse et soudée que celle que ses parents avaient su créer pour lui et ses deux frères.
Il souhaitait, bien évidemment, être capable de lui apporter tout ce dont elle avait besoin. Cependant, il n’avait pas de rêve professionnel en particulier. Il s’intéressait à de nombreux domaines, l’âme curieuse et ouverte.
Les influences de l’éducation
Son père, par contre, avait des ambitions pour son fils.
Son éducation paternelle a été marquée par l’accent de la réussite professionnelle et la performance. Il ne s’agissait pas d’argent ou de statut social, mais plutôt de réussite personnelle sur un plan professionnel.
Ce dernier lui dit un jour, « le choix du métier que tu feras plus tard m’importe peu, c’est ton choix. En revanche, j’attends de toi que tu sois le meilleur dans ton domaine. ». Il bénéficiait d’une certaine liberté quant à son aspiration, pourtant, cela représentait énormément de pression sur ses résultats.
Un passage dans la ville qui ne dort jamais
L’intervention de son père a porté ses fruits plus tard, lorsqu’il était étudiant.
Sorti du système public suisse, Sherif Mamdouh a fait un passage en école privée afin de poursuivre ses études aux Etats-Unis. Il a entamé une première année à la Saint John’s University dans le Queens, New York.
C’était absolument insolite de partir à 17 ans d’un petit patelin genevois, pour se retrouver dans l‘immensité de New York. Humainement, cette expérience a été révélatrice mais d’un point de vu académique, peu fructueuse. Il explique qu’à cet âge, il n’avait pas conscience des enjeux et manquait de maturité.
Il est donc rentré en Suisse pour poursuivre son cursus à la Webster University tout en produisant des résultats médiocres. Son père l’a donc mis au pied du mur : « Tu vas continuer et terminer tes études, mais tu vas les financer par tes propres moyens. ». Il s’est mis à travailler à plein temps et allait en cours à midi et le soir.
La nécessité d’une remise en question
C’est à partir de là qu’il a eu une révélation. En évoluant dans le domaine bancaire, Sherif Mamdouh s’est rendu à l’évidence qu’il ne pourrait jamais s’y épanouir. Un besoin d’implication personnelle dans la vision, la politique et la culture d’entreprise lui était nécessaire pour s’engager à long terme.
Le fait de générer de l’argent, avec de l’argent et pour des gens qui ont de l’argent, était pour lui vide de sens, existentiellement parlant. S’il admire certains de ces anciens collègues, il n’embrasse cependant pas la même cause.
Etudiant, il n’avait pas pris le temps de se poser ces questions-là. Son objectif était de bien gagner sa vie et de vivre une existence confortable. Il a fallu une accumulation de frustrations pour réaliser qu’il n’était pas dans l’environnement dans lequel il pouvait s’accomplir.
Il était toutefois délicat de se recycler dans un nouveau secteur avec un tel bagage professionnel et un Bachelor en Management, sans spécialité particulière.
L’éveil d’une nouvelle vie
Lorsque son licenciement a eu lieu, il a enfin ouvert les yeux sur ce qui comptait profondément dans sa vie.
Cela n’allait pas être une sinécure. Il était devenu père de famille, et pourtant, il n’était plus envisageable de se contenter d’un métier alimentaire sans saveur.
Sherif Mamdouh a alors décidé de reprendre des études en communication. Ceci a signé le début de sa 2ème vie, ou comme il aime le dire, « il y a une vie après la banque ».
Il s’est remis à rêver professionnellement et à prendre du plaisir à apprendre. Se nourrir intellectuellement lui correspondait fondamentalement.
Pour la première fois de sa vie, il était premier de classe. Il souligne aujourd’hui l’importance capitale de prendre du plaisir dans ce que nous faisons.
Des efforts récompensés
Il s’est donc démené pour trouver un premier stage dans le domaine de la communication. Il a été accepté auprès de l’ONUSIDA, au sein de l’équipe en charge de la société civile au niveau international.
Par la suite, il a travaillé quelques temps dans une société de vente d’espaces publicitaires dans l’aviation privée. Il a également tenté de se mettre à son compte en développant une société nommée « Lighthouse média ».
Plus tard, il s’est vu proposer de rejoindre une agence spécialisée en gestion de réputation et en gestion de crise.
En 2 ans, il s’est retrouvé catapulté responsable de la stratégie et du contenu pour cette société, qui conseillait des gouverneurs, des futurs Présidents ou encore, des CEO de sociétés cotées en bourse.
Il a peut-être simplement eu la chance de pouvoir se retrouver face à des gens qui lui ont donné l’opportunité de mettre en pratique son nouveau métier de communication.
Cependant, son mérite est d’avoir eu une certaine persévérance et patience en travaillant dans la frustration et la difficulté, jusqu’à ce que ces opportunités se présentent à lui et qu’il soit disposé à donner son maximum.
Une transition professionnelle épanouissante
Actuellement, Sherif Mamdouh est en poste au sein de l’Ecole Hôtelière de Lausanne, en tant que Chargé de Communication Senior. En clair, il est en charge des relations de presse et des relations publiques.
Son challenge quotidien est celui de comprendre des concepts complexes et de réussir à les formuler de façon simple pour atteindre un but stratégique.
Il fait à présent ce qui lui donne le sourire tous les matins. il se nourrit intellectuellement et évolue dans un monde qui lui correspond. Pour arriver là où il en est aujourd’hui, il a fallu qu’il se trouve lui-même et qu’il comprenne quelles étaient les sources de son bonheur sur du long terme. En bref, se définir pour pouvoir s’accomplir.
Il a eu besoin de cette période de crise pour choisir sa transition professionnelle. Par conséquent, cela impliquait d’avoir les pieds dans le vide pour remettre sa vie en question.
Pour ce faire, il a touché à tous les corps de métiers qui englobent la communication afin de comprendre son métier. Comme il le dit si bien : « La reconversion, ce n’est pas un interrupteur que nous allons juste enclencher. Cela prend du temps. Nous ne pouvons pas prétendre savoir de quoi nous parlons lorsque nous changeons de métier, cela s’apprend, nous devons nous armer de patience et être indulgent envers nous-mêmes. »
Poursuivre un dessein avec constance
Aujourd’hui, Sherif Mamdouh ne compte pas s’arrêter là. Il s’intéresse à la psychologie de l’opinion publique et aux dynamiques entre le pouvoir politique et le secteur privé.
Afin de valider des acquis de son récent parcours et d’accroître encore ses connaissances, il suit une spécialisation en affaires publiques de la Chartered Institute of Public Relations en Grande Bretagne.
Sherif Mamdouh a conclu avec un message qui s’adresse à tous ceux qui se cherchent encore :
« Au final, les hasards de l’existence ont fait naître le début de ma nouvelle vie professionnelle et m’ont permis de me rendre compte qu’il y a une vie après la banque. Sortir de sa zone de confort est la partie la plus difficile et demande du courage. Cela dit, il est plus difficile de vivre une vie professionnelle insatisfaisante, par complaisance ou par peur, que de vivre les difficultés passagères d’une reconversion. Je ne regrette aucun de mes choix, même les mauvais m’ont mené où je suis aujourd’hui. »