Dans le domaine du design numérique et de l'innovation, le nom d'Alexia Mathieu résonne comme une référence incontournable. Responsable du Master Media Design à la HEAD, Alexia Mathieu se distingue par son expertise en design d'interaction et création numérique. En tant que stratégiste, elle explore la mode numérique et intervient en stratégie de design pour anticiper l'avenir.
Alexia Mathieu, responsable du Master Media Design à la HEAD et consultante en stratégie de design
Alexia Mathieu est responsable du Master Media Design à la HEAD. Elle précise : « Notre master se concentre sur le design d'interaction et la création numérique ». Mais son expertise ne s'arrête pas là.
En tant que chercheuse en design, elle mène des projets de recherche novateurs, notamment sur la mode numérique et l'influence du virtuel sur les jeux vidéos. Son champ d'étude s'étend également au machine learning, explorant ainsi les possibilités d'enseigner la création de bases de données aux designers.
Au-delà de ses fonctions académiques, Alexia Mathieu intervient également en tant que consultante en stratégie de design. « Je mène des mandats pour comprendre les usages des technologies numériques », explique-t-elle. « Mon objectif n'est pas de prédire l'avenir, mais d'imaginer de nouveaux produits ou des alternatives à ce que nous connaissons déjà ».
Le design comme moyen de communication
Le parcours atypique d’Alexia Mathieu témoigne d'une trajectoire singulière, débutant par des études en design textile à La Cambre, à Bruxelles, avant de s'épanouir dans le domaine du design spéculatif à Londres. « J'ai toujours été attirée par l'idée d'utiliser le design comme moyen de communication pour imaginer des futurs alternatifs », confie-t-elle. Son expérience dans des agences publicitaires à Londres et au Colorado lui a permis d'approfondir sa compréhension des usages liés aux technologies numériques.
C'est à San Francisco qu'elle a consolidé son expertise, travaillant dans une agence de produits où elle a exploré de nouvelles frontières, notamment dans la conception d'objets connectés et d'applications web. Son retour en Suisse a marqué le début d'une nouvelle aventure, celle de transmettre son savoir et sa passion à travers son rôle à la tête du Master Media Design à Genève.
Alexia Mathieu stratégiste : Processus créatif et méthodologie rigoureuse
Derrière le succès d’Alexia Mathieu se cache une approche singulière, axée sur la démonstration de son processus créatif et sa méthodologie rigoureuse. En partageant son parcours, elle nous dévoile comment cette approche l'a guidée vers des opportunités professionnelles remarquables.
« J'ai eu la chance de trouver un travail grâce à mon processus », explique-t-elle. Son mémoire de fin d'études, réalisé en 2012, portait sur la relation entre les individus et les smartphones, un sujet émergent à l'époque. « J'étais très interpellée par la manière dont cela impactait nos émotions et notre position dans le monde », confie-t-elle. Pour son diplôme, elle a choisi de présenter non seulement des scénarios finaux, mais aussi toutes ses recherches et son processus de création.
C'est cette démarche qui a attiré l'attention d'une personne travaillant dans une agence de publicité. « Il m'a dit que j'avais tout pour être stratégiste », se souvient-elle. « Je ne savais même pas ce que c'était à l'époque », ajoute-t-elle en riant. Cet échange a ouvert une nouvelle perspective pour Alexia, l'amenant à explorer le domaine de la stratégie, tout en continuant à cultiver son amour pour le design.
Sa méthodologie rigoureuse a également été cruciale dans sa recherche d'opportunités professionnelles. Lorsqu'elle a déménagé à San Francisco, elle a utilisé une approche proactive en envoyant des e-mails aux entreprises qui l'intéressaient. « J'ai rencontré des personnes en leur montrant ma manière de penser et ma façon de faire des recherches », explique-t-elle. Cette démonstration de son processus lui a permis de décrocher un emploi dans la région de la baie de San Francisco.
Ainsi, grâce à son engagement envers son processus et sa méthodologie, Alexia Mathieu a su se démarquer dans un monde compétitif, prouvant que la conviction et la rigueur sont des atouts précieux dans la poursuite du succès professionnel.
« Ce qui fait la différence, c'est comment on utilise ces outils de manière plus originale », explique-t-elle. « J'ai eu des opportunités vraiment diversifiées grâce à cela », ajoute-t-elle avec fierté.
L’innovation : créativité et originalité dans l’utilisation des outils
Pour Alexia Mathieu, l'innovation ne se limite pas aux compétences techniques, mais découle plutôt de la capacité à repousser les limites de la créativité et de l'ingéniosité dans la manière dont on utilise les outils et les ressources à sa disposition. C'est cette approche visionnaire qui lui a permis de se différencier et de réussir là où d'autres pourraient hésiter.
Son retour à Genève après des années passées à l'étranger a représenté un défi, car elle n'avait plus de réseau dans sa ville natale. Cependant, elle n'a pas laissé cela l'arrêter. « J'ai simplement envoyé des e-mails à des personnes que je trouvais cool et intéressantes, en leur proposant de prendre un café », raconte-t-elle.
« Cela ne fonctionne pas toujours », reconnaît-elle avec un sourire, « mais j'ai eu la chance que cela fonctionne avec une personne, travaillant avec moi aujourd’hui encore à la HEAD ».
Le portfolio d’un graphiste : une vision sur son univers en évolution
Pour Alexia Mathieu, l'importance d'un portfolio, surtout dans le domaine du graphisme, est indéniable. « C'est juste incontournable », insiste-t-elle. Un bon portfolio ne se contente pas de présenter des projets finis, mais doit aussi refléter le processus créatif, montrant à la fois les œuvres abouties et celles en cours de développement. « Avant, c'était un peu un objet fini », explique-t-elle, « mais maintenant, c'est aussi un espace pour montrer le travail en cours, le travail en progrès ».
Ce qui la passionne, c'est la capacité d'un artiste à se transformer, à évoluer dans son travail. « Je pense que c'est juste montrer ce qui t'inspire et comment tu transformes cela », explique-t-elle. « C'est toujours mieux d'en mettre moins que trop, de se concentrer vraiment sur le type de travail que l'on veut faire et de le montrer ». Pour elle, un bon portfolio est celui qui raconte une histoire, qui dévoile l'essence même de l'artiste et sa vision du monde.
Le métier de graphiste est en constante évolution, et les compétences recherchées aujourd'hui ne seront peut-être plus d'actualité dans quelques années. C'est pourquoi elle accorde une grande importance à l'adaptabilité et à la capacité d'apprentissage. « Ce que les gens recherchent, c'est quelqu'un capable d'apprendre », affirme-t-elle. « Montrer qu'on essaie des choses, qu'on explore de nouveaux outils, même si cela ne semble pas toujours abouti à quelque chose de concret, c'est cela qui fait la différence ».
Ainsi, pour Alexia Mathieu, un bon portfolio ne se limite pas à une simple vitrine de réalisations passées, mais doit être un reflet de l'évolution constante de l'artiste, de sa curiosité et de sa capacité à s'adapter aux changements du monde qui l'entoure. C'est cette qualité qui, selon elle, déterminera le choix des employeurs lorsqu'ils chercheront à recruter un graphiste.
Communiquer, collaborer et apprendre à travers les rencontres
« C'est vraiment efficace d'envoyer des messages aux gens qui nous intéressent », insiste-t-elle. Elle recommande d'être proactif en contactant directement les professionnels et en leur exprimant son intérêt pour leur travail. « C'est ce qui fait qu'on sort du lot », ajoute-t-elle. « N'hésitez pas à proposer une rencontre ou une visite à l'agence. Ça peut prendre du temps, mais cela peut aussi ouvrir des portes ».
En résumé, pour un graphiste en quête de visibilité, il est crucial d'être actif sur les réseaux sociaux, de partager régulièrement son travail et son point de vue, et d'engager des interactions authentiques avec d'autres professionnels du domaine. Participer à des événements et des conférences peut également offrir des opportunités précieuses de réseautage et d'apprentissage continu.
Dans le monde du networking, Alexia Mathieu souligne la difficulté qu'elle-même éprouve parfois dans ce domaine. Elle reconnaît que certaines personnes, sont plus à l'aise pour engager des conversations lors de soirées ou d'événements, mais elle encourage à sortir de sa zone de confort de temps en temps. « Il faut parfois se forcer », admet-elle.
« Il faut aussi trouver sa niche », explique-t-elle. Chaque designer a quelque chose d'unique à offrir, son propre « super-pouvoir », qui le distingue des autres.
Alexia encourage également à élargir son réseau au-delà du domaine du graphisme pur. Rencontrer des personnes travaillant dans d'autres domaines connexes, comme le développement web ou le design d'expérience utilisateur, peut ouvrir de nouvelles opportunités de collaboration et d'apprentissage mutuel. « Savoir communiquer et collaborer avec ces personnes est crucial », insiste-t-elle, soulignant que ces relations peuvent conduire à des collaborations fructueuses à long terme.
Elle envisage de démarrer des projets de recherche novateurs, comme celui sur la création de bases de données pour les designers et les artistes, ainsi que la poursuite de ses travaux sur la mode numérique.
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Photo Credit : Alexia Mathieu