Au carrefour, un piéton attend avant de traverser la rue lorsqu’un automobiliste s’arrête devant un panneau où se trouvent les lettres « S T O P » en blanc sur fond rouge. Après avoir enregistré l’information, les deux protagonistes agissent correctement : le piéton traverse dans le temps qui lui est imparti. Le chauffeur appuie doucement mais fermement sur l’accélérateur. Tout se déroule normalement, rien de plus banal en milieu urbain.
Pourtant, derrière cette scène qui se reproduit des milliers de fois par jour, il y a une multitude d’informations que notre cerveau traite grâce à un savant mélange entre l’écriture et les symboles graphiques. Ainsi nous pouvons nous promener sans trop de problèmes dans une ville telle que Genève.
Depuis la nuit des temps…
En poursuivant leur proie, le chasseur préhistorique a laissé des traces dans l’argile fraîche : un message. Un homme est passé par là et a pris cette direction. De même pour les empreintes d’animaux. Affamés, ils gravirent pour toujours leur quête sur les murs des grottes, comment en témoignent les célèbres grottes de Lascaux et Cusac. Impressionnante cristallisation de la pensée par les signes, les prémisses de l’écriture¹.
S’ensuivirent de nombreux tâtonnements de l’alphabet. Pendant des siècles, chaque civilisation a conçu leur propre langage. Les égyptiens, leur écriture scripturale cunéiforme produite sur des tablettes en argile à l’aide d’instruments basiques, dont la forme écrite n’est pas vocalisée. Les phéniciens, grands marins et commerçants compilèrent tout ce savoir et ils produisirent le premier alphabet. Des scribes Sumériens donnèrent un son à chaque lettre, ainsi née l’écriture syllabique².
Du phénicien naîtra le grec avec l'alphabet de 24 lettres dont les voyelles. Les latins, futurs romains, héritiers des grecs adaptèrent et donnèrent naissance à l’alphabet latin "la capitalis romana", l'écriture que nous utilisons actuellement. La colonne de Trajan à Rome en atteste.
Le début de la typographie
Il fallait un homme au nom de Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dit "Gutenberg", pour inventer des caractères mobiles assemblés de plomb de l'imprimerie moderne.
Nous sommes entourés d’écriture. Elle envahit notre quotidien du réveil au coucher. Elle est multiple et variée, elle joue avec les couleurs, les volumes, les surfaces, guidant presque toute notre existence.
Enfant, nous sommes amenés à apprendre à lire et à écrire. Grâce à l’abécédaire, nous débutons l’écriture calligraphique, un art en voie de disparition, et malgré nous, nous côtoyons la lettre toute notre existence qu’on le veuille ou pas.
Nous apprenons vite, peut-être trop vite. Nous reconnaissons et déchiffrons d’un coup d’œil les messages des marques, logos, signalétiques, affiches publicitaires. Parmi cette abondance de styles et genres, nous avons oublié leur nom, leur fonction et leurs origines. Mais est-ce utile de les apprendre ?
On prétend que la pratique de la lecture a diminué. Pourtant, aujourd’hui nous n’avons jamais autant écrit. Grâce à la simplicité des procédures des outils numériques, Monsieur (ou Madame) Tout le Monde peut devenir écrivain, éditeur, ou diffuseur.
L’évolution de la lettre
Il y a quelques mois, un article paru dans les journaux est passé presque inaperçu dans nos médias : « Le Ministère de la Culture de la Communication {France} a dévoilé hier une commande publique effectuée en 2014 auprès du Centre national des arts plastiques. Il s'agissait de créer un caractère typographique inédit, utilisable par tous gratuitement. La commande a été confiée à Sandrine Nugue, et le caractère est désormais en téléchargement. ». Cette nouvelle typographie s’appelle "Infini".
Pour beaucoup, la typographie elle-même ne prend plus d’importance dans nos vies. L’ère de Gutenberg est finie. Pourtant, les professionnels de l’imprimerie considèrent la typographie comme un art. En effet, pour eux, la typographie occupe la même place que l’architecture, la peinture ou la sculpture. Certes, les lettres en plomb ont presque disparu. Mais la typographie a évolué. Aujourd’hui, il existe la typographie pour l’impression et celle spécifiquement pour l’informatique. Donc elle continue à vivre dans tout ce que nous lisons maintenant sur un écran. Et elle continuera à nous guider dans nos actions quotidiennes encore bien des années.
Sources :
¹ Ecriture: « Système de signes graphiques servant à noter un message oral afin de pouvoir le conserver et/ou le transmettre » Larousse
² « Une langue syllabique est, en typologie rythmique, une langue dans laquelle ce sont les syllabes qui rythment la phrase. » Wikipedia
https://www.actualitte.com/article/patrimoine-education/un-caractere-typographique-public-et-gratuit-l-infini/54790
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C'est un article qui ouvre le champ à la réflexion autant sur la naissance des langues que sur les civilisations qui les ont inventées. On aurait aimé quelques dates juste pour nous aider à se repérer dans le temps.
Je comprends que la typographie c'est la technique et la manière d'assembler et d'imprimer des caractères, mais elle englobe aussi un aspect esthétique qui se rapproche du métier de calligraphe. Alors ou est la différence exactement? Et en parlant de calligraphie, pourquoi pensez-vous que la calligraphie est en voie de disparition ? J'ai l'impression qu'on assiste au contraire à une renaissance de la calligraphie...