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Une petite histoire du « Ratez pour mieux innover ! »
Écrit par Roselyne Mialet
Paru le 31 mai 2018
a. Les sous-doués passent le bac
Qui ne se souvient pas du film de Claude Zidi sorti en 1980 dans les salles ? Ce film comique raconte l’histoire d’élèves, de très mauvais élèves à la traîne, qui doivent réussir impérativement leur baccalauréat pour remplir les impératifs de leur lycée ?
Qui ne souvient pas de la fameuse machine qui distribue des claques ? Pour vous rafraîchir la mémoire, voici un extrait :
b. Enseignement programmé : Faisons de la place à l’erreur !
Vous pensez que c’est de la science-fiction ? Détrompez-vous ! En effet, le behaviorisme que nous appelons en français, le comportementalisme, étudie le comportement observable en interaction avec son milieu. Le chien de Pavlov ? C’est ça le behaviorisme, la science du conditionnement.
Or, du laboratoire à l’école, il n’y a qu’un pas. B. F. Skinner (1904-1990), père du conditionnement opérant et de l’EP (enseignement programmé) mit en place la Machine à enseigner (vidéo), (Teaching Machines, B. F. Skinner, (1958)). Cette machine consistait à poser des questions ouvertes auxquelles l’élève répondait. L’enfant pouvait voir immédiatement la bonne réponse en actionnant une manivelle. C’est la technique du renforcement positif ou négatif.
En fonction de ses réponses, l’enfant réessaye ou avance, et il est capable d’associer immédiatement sa propre réponse avec celle attendue. Une des critiques faites sur cette machine, c’est son fonctionnement linéaire qui ne laisse pas de place à l’erreur. C’est une machine à Bac sans gifle.
R. G. Crowder (1939 – 2000), quant à lui, voit dans l’erreur une force formidable pour apprendre. Il créée sa propre machine, la Crowder370. Il estime que la progression réalisée grâce à la machine de Skinner ne permet pas de modifier les modèles cognitifs erronés utilisés pour organiser l’information et découvrir et/ou rechercher la bonne réponse.
Sa machine à réponses ramifiées permet ce processus cognitif. Le procédé consiste en un ensemble de questions un peu plus difficiles et plusieurs réponses. Si l’élève choisit la bonne réponse, la machine lui donne un feedback positif et lui explique la réponse. Si l’élève répond faux, alors la machine lui explique comment il a raisonné. Et l’envoie ensuite vers une suite de questions alternatives (non plus faciles) qui lui permettent d’acquérir le raisonnement approprié. En bref, elle permet d’aller au-delà de l’erreur.
c. Pourquoi parler de l’enseignement programmé ?
« Celui qui n’a jamais fait une erreur n’a sans doute jamais essayé quelque chose de nouveau », Albert Einstein.
L’EP a mis en exergue que l’erreur suivie d’un feedback explicatif ou expérientiel est une des meilleures façons d’apprendre car l’erreur, acceptée et corrigée en conscience, permet de sortir de sa zone de confort. C’est planter la graine de l’innovation, créer de nouveaux circuits neuronaux, être plus efficace, plus créatif.
L’erreur est antinomique de performance dans l’inconscient collectif. Nous avons toujours des difficultés à dire ouvertement que nous avons fait faux. Malheureusement se cacher, c’est fermer la porte aux feedbacks. L’erreur est beaucoup mieux acceptée dans l’apprentissage pédagogique, on y découvre depuis quelques années, des vertus, notamment grâce au travail de J. Piaget sur la théorie de l’apprentissage.
Mais l’individu est-il prêt à l’accepter pour lui-même ? Déjà, chez les enfants, l’erreur est considérée comme un phénomène négatif, touchant déjà l’estime de soi. Cela signifie ne pas répondre à ses propres attentes, à celles de l’extérieur ? (E. Blain-Joguet, « Au cœur de l’erreur », Actualités en analyse transactionnelle, 2012/ (N°141), pp. 71-73.)
d. Faites des erreurs pour innover !
Au final, l’erreur peut être considérée comme un conflit interne entre deux raisonnements. Faire des hypothèses, tester, échouer, recommencer et réussir, c’est se surpasser. C’est de la motivation, car nous pourrions très bien nous contenter d’apprendre de manière linéaire. Le conflit est essentiel pour se mesurer à quelque chose, il est l’obstacle. Le confondre, c’est non seulement le vaincre, mais c’est aussi gagner de nouvelles compétences bonus !
L’image du joueur d’échecs est pertinente : c’est la répétition des stratégies, la correction des erreurs en rapport avec les configurations de plateaux qui permettent au joueur de développer un système de récupération des informations très performant. Ce n’est pas du « appris par cœur », ni une histoire de « mémoire d’éléphant », c’est savoir adapter sa stratégie quand nous sommes en position d’échec justement (Modèle de Chase et Simon (1973))! Si nous ne faisons pas d’erreur, nous n’apprenons pas à nous adapter.
e. Applicable, respectable dans le monde du travail ?
OUI ! Tout du moins si nous prenons conscience du pourquoi du comment, et cela est une condition sine qua non… Citons l’article d’Isabelle Barth qui identifie très bien le processus : « Cet apprentissage est donc lié à trois choses : l’intelligence de l’environnement et des situations qui permet l’identification des risques, le courage de se lancer dans le projet en ayant évalué ces risques, et la capacité de relecture des situation ».
Isabelle Barth suggère aussi une excellente idée : laisser libre court à ses erreurs sans honte de les partager et en faire profiter tout le monde. Il s’agit là d’une idée qui serait vraiment profitable dans les entreprises notamment dans celles où le travail par projets est important, mais aussi là où les rapports humains sont au centre de l’activité.
Nous parlons souvent du problème de la rétention d’information en entreprise, laquelle est probablement due le plus souvent à la précarité de l’emploi. Néanmoins, ce serait rendre un service inestimable de ne pas appliquer la rétention d’informations négatives, parce que nous ressentons la honte. En effet, en définitive, de tout temps, c’est de faire des erreurs qui a permis à notre espèce d’évoluer. Rien n’est infus ! Tâtons le terrain, testons et soyons plus ingénieux, astucieux et avisés !
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