En Suisse, dès notre plus jeune âge et tout au long de notre parcours scolaire, nos compétences sont notées et évaluées par le biais d’un programme commun de la Confédération et des cantons appelé « PISA », puis comparées aux différents pays européens, membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Petite parenthèse : la dernière étude en date « PISA 2006 » démontre que les élèves suisses affichent de bons résultats dans tous les domaines testés par l’enquête. 1
Arrivé à l’âge adulte…
La compétence sera considérée comme l’ensemble des ressources disponibles pour faire face à une situation nouvelle dans le travail. Ces ressources sont constituées par des connaissances stockées en mémoire et par des moyens d’activation et de coordination de ces connaissances. La notion de " compétence " est donc prise dans son sens classique à opposer à la notion de " performance " qui est la traduction totale ou partie de la compétence dans une tâche donnée.2
La pratique usuelle du monde du travail est de juger les hommes et les femmes sur leurs niveaux de compétence et, dans une moindre mesure, sur leur manque de certaines compétences. Les entreprises ont mis en place tout un arsenal de règles, directives ou système d’évaluation pour déterminer le degré de compétences des travailleurs. Pour nous, employés, il semble qu'un véritable dictat de la compétence a été mis en place comme critère absolu d’engagement.
La compétence est devenue la référence mondiale d’évaluation des travailleurs
Compétences-clés, managériales, techniques, linguistiques, fondamentales ou transversales… la liste est non exhaustive. Impossible de dissocier la compétence de notre parcours professionnel. Nous sommes en permanence jugés, évalués et promus sur et grâce à nos compétences par nos hiérarchies. Et de notre côté, nous sommes conscients que si nous voulons durer et progresser au sein d’une entreprise, nous devons prouver ce que nous valons notamment en termes de « compétences ».
Nombreux sont les recruteurs, les agences de placement ou les managers qui exigent que nous leur fournissons un curriculum vitae « par compétence » en lieu et place d’un curriculum vitae « par chronologie » lors d’une postulation ou d’un engagement.
Notre vie professionnelle est ainsi cadencée par cette notion de « compétence ».
Et dans notre vie privée ?
Sommes-nous tout autant soumis au dictat de la compétence dans nos décisions personnelles rattachées à notre vie privée ? Nos faits et gestes sont-ils tout d’abord dictés, puis jugés selon des critères de compétences établis par la société civile ? Existe-t-il un lien étroit entre nos agissements en termes de compétence avant, pendant et après le travail ?
Autant de questions qui amènent à un constat : oui, ce lien existe.
De façon inconsciente, nos décisions de tous les jours sont influencées et soumises en permanence à ces critères de compétence. Partant de là, une question survient : pouvons-nous chacun utiliser nos propres compétences acquises sur notre lieu de travail pour les appliquer dans notre vie privée ?
Voici un florilège de compétences développées au cours de notre existence et applicables tant lors de nos expériences professionnelles que dans notre sphère privée :
- capacité de se remettre en question
- appréciation des réalités
- capacité à gérer les problèmes
- appréhension du futur et de l’innovation
- désir de transmettre son savoir
- capacité de vulgarisation
- management et coaching d’équipe
Compétences pour la vie
Il est impossible de dissocier la vie privée et la vie professionnelle. Il est donc plausible et même normal d’associer les compétences acquises tout au long de notre parcours de vie à notre quotidien.
Prenons le cas d’un manager au sein d’une entreprise. Il possède indéniablement un certain nombre de compétences inhérentes à sa fonction et mises en application tous les jours. Il y a fort à parier que ce même manager aura la capacité d’utiliser toutes ses compétences lors d’activités hors travail, notamment s’il doit faire face à des décisions personnelles à prendre ou encore faire face à des événements qui surviendraient lors de ses loisirs, au sein de sa famille, avec ses amis ou au sein d’un club de sport. Chacun ou chacune a pu constater qu’au sein d’un groupe, il apparaît naturellement des leaders possédant des compétences managériales, d’autres avec plus de compétences linguistiques ou techniques, afin de former un ensemble de connaissances et compétences très performant pour le groupe. Chaque membre appliquera respectivement ce qui fait leurs forces dans leurs rôles professionnels, parce que leurs compétences apparaîtront naturellement et intuitivement.
Mais ne tombons pas dans les clichés. Chaque directeur de société n’est pas un leader incontesté dans sa vie privée et chaque employé n’est pas obligatoirement un simple suiveur au sein du groupe. En réalité, les faits démontrent que chacun de nous possède des compétences naturelles ou acquises par expérience, qui dictent nos choix tant privés que professionnels. Il est en revanche indéniable que chaque homme ou femme a cette capacité à transmettre ses compétences et à les partager avec les autres.
Comment réussir l'implication des compétences professionnelles dans la vie privée ?
Chaque individu acquiert des compétences tout au long de son existence, qui lui seront plus ou moins utiles. La passerelle entre vie professionnelle et vie privée est infime et permet des « allers-retours ». Notre capacité à jongler avec nos compétences est établit et démontre, s’il en était besoin, combien ces acquis influencent notre quotidien et s’impliquent dans l’équilibre entre le privé et le professionnel.
Il est clair que nous sommes dépendants de ce dictat de la compétence instaurée par la société dans son ensemble. Il ne sert donc à rien de lutter contre cela, mais plutôt de s’adapter en trouvant le juste compromis, puisque compétence et vie quotidienne sont intimement liées. A chaque prise de décision ou action que nous mettons en place, nous faisons appel à des compétences et des savoirs acquis ou innés. Et peu importe si nous agissons dans notre vie professionnelle ou privée, mais l’utilisation de nos compétences rebondit au-delà de nos activités professionnelles.
Pour terminer notre réflexion sur le sujet, méditons sur cette pensée de Paul Valéry, écrivain, poète et philosophe français
Un homme compétent est un homme qui se trompe selon les règles 3
Sources :
1 http://www.pisa.admin.ch/bfs/pisa/fr/index/03/02.html
2 Source : Guillevic, Christian. Psychologie du travail, Paris, Nathan, 1991.
3 Source : citation de Paul Valéry, extraits des mauvaises pensées et autres.
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