Nous sommes allés à la rencontre des villas YoYo à Genève, qui offrent un espace réservé aux enfants de 4 à 12 ans.
Elles répondent à des besoins fondamentaux d’accueil de l’enfant, comme celui d’apprendre à intégrer la vie en communauté, les valeurs du partage et de la convivialité, des avantages inestimables dans la cohésion et dans la construction des relations interpersonnelles.
Villas YoYo - Un concept unique à Genève
Les villas YoYo à Genève ont vu le jour il y a plus de dix ans au sein des Unions Chrétiennes de Genève.
« Pourquoi YoYo ?
Le jeu du YoYo donne l’idée du mouvement. Le concept de la villa YoYo désigne l’accueil de l’enfant dans un environnement où il se sent en sécurité et où il va et vient librement. »
Les villas YoYo offrent gratuitement un espace réservé aux enfants pour vivre, jouer et apprendre, avec des espaces encadrés pour faire les devoirs, des activités ou encore attendre le retour de papa et maman en s’amusant.
Il s’agit de favoriser la prévention, l’intégration et l’éducation. Une ouverture pour tous, sans distinction de culture, de nationalité, de religion ou même de langue.
Le but est de pouvoir offrir aux enfants un contact, des repères et un encadrement sécurisant, pas seulement matériel mais aussi physique et de leur permettre de se sociabiliser.
Il existe 13 villas YoYo en Suisse, dont quatre à Genève, situées à Europe-Charmilles, Onex, Lancy et Versoix. Malheureusement la villa de Lancy fermera en décembre prochain, par décision du Conseil Municipal qui ne désire pas renouveler le contrat de prestation « d’accueil libre ».
La Commune envisage en effet de développer le même concept, mais avec l’introduction d’une adhésion payante et sur inscription, une démarche qui ne correspond aucunement à la philosophie de la villa YoYo, qui se veut libre et gratuite. Une nouvelle ressentie comme une déception qui a bousculé les esprits !
Des structures… sans condition aucune !
L’objectif est de poursuivre le développement des villas YoYo à Genève. Cibler de nouvelles communes, ainsi que des populations dans le besoin, y compris les migrants.
Les villas YoYo en tant que telles sont des structures libres, un élément essentiel qui se distingue de tout autre encadrement existant à Genève.
Il s’agit de la seule structure qui accepte toutes les familles, quel que soit leur statut et même en situation irrégulière, qui ne revêt d’aucune démarche administrative, juste un prénom et un nom. Ce concept attire les familles, qui sont rapidement en confiance.
Un constat plus qu’alarmant
Le constat est triste et peut paraître choquant. De par la culture de certaines familles, beaucoup d’enfants ne quittent pas leur quartier et n’ont par exemple jamais vu le lac.
Durant les grandes vacances d’été, les villas YoYo à Genève offrent des sorties exceptionnelles, qu’ils n’auraient probablement pas l’occasion de faire dans d’autres circonstances. Un moment d’évasion et de joie, avec des souvenirs pour ces jeunes qui découvrent pour la première fois leur ville.
De nombreux enfants sont livrés à eux-mêmes, une situation causée par l’absence de parents, mobilisés par leur activité professionnelle, sans oublier les problèmes familiaux et financiers qui mettent en péril l’équilibre familial.
Cette réalité ne concerne pas seulement des familles d’immigrés, mais également et de plus en plus de familles suisses.
Pour éviter un schéma où les enfants errent dans les rues après l’école, les structures YoYo les prennent ainsi en charge et les préservent du monde extérieur.
Selon les cas rencontrés, la responsabilité des villas YoYo nécessite également d’identifier les limites de la prise en charge et de l’intervention dans la vie de l’enfant et de prendre les décisions qui s’imposent dans ce sens.
Jeunes en insertion
Les villas Yoyo ainsi que le Centre Georges William s’attèlent également à accueillir des jeunes en insertion, en accompagnement de projet professionnel, en renouvellement ou reconversion professionnelle.
Les structures Villas YoYo comptent 17 personnes en activités de réinsertion, placées par l’Hospice Général. Elles sont alors accompagnées vers une formation professionnelle, avec à l’issue un CFC ou un AFP dans d’autres cas.
L’objectif est de remettre ces personnes sur le marché du travail, parfois même à 50 ans. Les structures comptent également des jeunes en rupture de formation ou encore qui abandonnent l’école vers l’âge de 16-17 ans. La cause principale est l’absence d’un environnement familial stable.
Ce sont donc des jeunes plein de ressources, mais avec un avenir obstrué, sans repères et sans orientation.
Le projet « YoYo truck » - Une villa mobile
Afin d’aller plus près de la population, l’idée a été de développer une villa YoYo mobile. Un premier test réussi a été intenté à Versoix et a incité l’association à partir en campagne auprès des communes.
La villa YoYo de Versoix est installée dans le quartier de la Pelotière. De par sa réputation, les enfants ne viennent pas dans le coin et ont peine à intégrer d’autres enfants dans leur propre quartier.
En période de vacances où les rues sont plus calmes, la question s’est posée de déplacer la villa YoYo au bord du lac.
Avec l’aide de l’entreprise Grisoni-Zaugg (succursale de Genève) très enthousiasmée par le projet et fière de s’investir pour ce concept, cette dernière a accepté de mettre à disposition un container de chantier de bureaux durant les 2 mois de vacances d’été au bord du lac, avec les accords de la commune et de l’Office des Bâtiments.
Ce projet ambitieux s’est confirmé être un succès et au-delà toute attente, avec près de 80 enfants du quartier qui se sont côtoyés et ont joué ensemble. Les habitués du parc de la Bécassine étaient surpris en bien par cette effervescence d’enfants, peu coutumiers d'une telle agitation.
L’idée de la villa YoYo mobile est d’évoluer et pourquoi pas d’y ajouter quatre roues afin de la rendre réellement « mobile ».
Le concept sera soumis à la même réglementation qu’un Food truck, adapté pour le projet, « le Yoyo truck ». L’idée est en cours de réflexion, avec des partenaires prêts à suivre le projet.
L’idée de la villa YoYo mobile est qu’elle revienne à des jours fixes, par exemple tous les mercredis à Meyrin, tous les samedis à Vernier, etc.
Poursuivre la mission dans les villas actuelles
La volonté de conserver, voire de créer de nouvelles villas YoYo est toujours en vigueur. Sur Onex, le projet fonctionne à merveille, pleinement soutenu par la Mairie, avec une augmentation significative de l’accueil d’enfants.
La villa Europe-Charmilles - la plus grande des structures - fonctionne quant à elle très bien, sans oublier Versoix qui existe depuis plus de 10 ans, avec le soutien et le partenariat de la Commune.
S’agissant d’un accueil libre, les villas peuvent accueillir entre 30 et 60 enfants selon les jours.
Le principe des villas Yoyo est de ne jamais refuser d’enfants. Le dilemme s’est cependant posé avec la structure d’Onex où l’on relève une augmentation significative d’accueil d’enfants.
En se rapprochant de la commune, cette dernière a généreusement mis à disposition deux salles supplémentaires, l’une pour faire les devoirs et la seconde pour les activités parascolaires.
En termes d’encadrement cela implique des renforts. Europe-Charmille peut tourner avec 100 à 130 enfants. Il s'agit d'une structure un peu différente, avec une ouverture uniquement les mercredis et samedis de 9h à 18h.
Il s’agit de la seule villa où l’accès est limité au code postal pour limiter l’afflux d’enfants en provenance d’autres communes.
Un encadrement professionnel
Les villas YoYo œuvrent pour défendre une cause importante et mènent leur mission avec des personnes dévouées et engagées.
Il faut savoir que chaque structure est encadrée par des professionnels diplômés HETS (Haute Ecole de Travailleurs Sociaux) et des psychologues, qui sont à la tête des structures. Selon la taille de ces dernières, ces professionnels sont accompagnés de un à trois adjoints. Europe-Charmille comprend trois adjoints salariés et tous diplômés.
Les moniteurs, en formation dans les structures, sont également diplômés, en apprentissage, en emploi de solidarité, à l’Hospice Général ou encore à l’AI.
Un projet qui trouve un équilibre tant par l’encadrement des enfants que par celui des équipes.
Assurer la mission, c’est obtenir des dons !
Auparavant active dans la villa YoYo de Versoix, Anne-Sophie Dejace occupe aujourd’hui le poste de Secrétaire Générale et chapeaute les quatre villas, soutenue par une secrétaire à 80% et une comptable.
Elle est également en charge de la recherche de fonds qui représentent près de 25 à 30% du budget annuel, soit environ CHF 2 millions.
Les villas YoYo reçoivent des subventions publiques, des dons spontanés en provenance de petites fondations. Elles sont soutenues également par l’Ordre de Saint-Jean.
La prospection auprès de donateurs privés est cependant primordiale pour assurer le fonctionnement de leurs activités.
Parmi les fidèles grands donateurs, se trouve la banque Pictet, présente depuis de nombreuses années et très investie pour la cause.
A la recherche de nouveaux partenariats
Il n’y a pas une réelle nécessité de communiquer auprès du grand public, sachant que les familles ciblées sont informées des prestations par le « bouche à oreilles ».
Il y a cependant une volonté d’augmenter davantage la visibilité de l’association sur les réseaux sociaux et sur son site web, dans le but de mieux sensibiliser la population et de rassurer les partenaires potentiels en termes de crédibilité. La ville de Genève fait également mention des villas YoYo sur ses activités de loisirs.
Avec le développement du concept « YoYo truck », c’est l’occasion d’avoir une meilleure visibilité.
L’association espère innover avec ce nouveau concept, appuyer une présence et donner un certain regain d’énergie, prospecter et déboucher à de nouveaux partenariats.
Dans le contexte actuel économique, présenter un projet et le défendre est difficile. La question du coût est d'ailleurs immédiatement abordée par le donateur potentiel.
Il s’agit alors de pouvoir développer des partenariats sur les communes, développer des liens et pourquoi pas professionnaliser de petites associations locales. La villa YoYo peut alors se positionner comme une stratégie de prospection.
Un enfant… un Cirque !
En partenariat avec la Fondation Aide aux Enfants, les villas YoYo sont les hôtes du cirque de Noël, offrant aux enfants défavorisés de Genève une place au cirque, une belle manière de sensibiliser la population. Lien pour acheter une place : http://www.fondation-bambi.org/fr/cirque-noel
Quelques témoignages
Un exemple de réussite, l’histoire d’un enfant qui a fait son parcours dans l’encadrement de la villa de Versoix, tout en étant scolarisé. Il a effectué des études d’assistant social éducatif, suivies d’un apprentissage. Il s’agit du premier apprenti issu de la villa YoYo !
D’autres enfants témoignent régulièrement leur reconnaissance en offrant des dessins, qui parlent d’eux-mêmes, une satisfaction pour le personnel encadrant !
Vivre sa vie d’enfant, c’est pouvoir l’accompagner sur le chemin de l’autonomie tout en le protégeant ; l’aider à grandir en tant qu’individu à part entière tout en lui inculquant des bases saines.
Soutenir les villas YoYo, c’est contribuer à offrir un équilibre de vie à ces nombreux enfants !
Horaires d’ouverture des villas Yoyo
Onex, Lancy et Versoix :
Du lundi au vendredi de 16h00 à 18h30 et mercredi de 14h00 à 17h00
Période de vacances : du lundi au vendredi de 14h00 à 17h00
Europe Charmilles : mercredi et samedi de 9h00 à 18h30
Période de vacances : du lundi au vendredi de 9h00 à 18h30
Liens :
http://www.ucg.ch/ucg/index.php/villas-yoyo
http://www.villayoyo.ch/fr/
Crédit photos : Villas YoYo