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Zainab Fasiki : comment l'art de la bande dessinée touche à la question du sexe

Écrit par Mylene Jauslin
Paru le 14 février 2019

zainab fasiki

Les moyens de combattre et de renverser les clichés des sociétés patriarcales par l’art

Cet article est le deuxième de notre série consacrée à la question des conséquences d’un patriarcat archaïque sur les femmes dans nos sociétés modernes.

Comme expliqué précédemment, nous allons mettre en lumière des hommes et des femmes qui par le biais de l’art, essaient de sensibiliser l’autre aux différentes questions qui touchent nos sociétés, qui tendent à mettre des barrières et créer de la discrimination entre hommes et femmes.

Après avoir voyagé au Japon, dans notre premier article, nous nous rendons au Maroc, où nous entrerons en contact avec l’art de la bande dessinée, incarné par la jeune artiste Zainab Fasiki qui s'est faite connaître une première fois à l’international suite à la diffusion d’une agression sexuelle dans le bus.

Elle a décidé de prendre ses crayons suite à cette atroce affaire, et a posté ce dessin sur Instagram afin de dénoncer la culture du viol qui existe au Maroc.

Elle est revenue une deuxième fois sur le devant de la scène avec un nouveau projet nommé Hshouma qui signifie honte en arabe, désignant l’ensemble des sujets tabous que l’on ne doit pas aborder en société ou en famille.

Ses dessins ont pour but de dénoncer les clichés ancrés dans la société patriarcale marocaine.

Hshouma : liberté de circulation et approche du corps de la femme

Ce projet artistique a une portée éducative et est réalisé sur le style de la bande dessinée. Habituée à se servir d'Instagram pour tenter d’éveiller les consciences par rapport aux tabous liés au genre, à l'éducation sexuelle, aux violences faites aux femmes, cette fois-ci, la jeune artiste de 24 ans a décidé d’opter pour le support papier plutôt que digital qu'elle utilise habituellement.

Elle accompagne ces dessins de courts textes en darija (dialecte marocain) et en anglais, sur la thématique de la Hchouma. Elle y dessine par exemple une femme nue qui joue un instrument, une autre avec des poils sous les aisselles, ou encore une femme avec des vergetures sur les cuisses.

Récemment, elle a publié un ouvrage presque autobiographique. Il s'agit d'une deuxième bande dessinée qui paraît sous le nom de Fairouz Versus The World. Celle-ci relate l’histoire d’une jeune fille habitant dans la région de MENA (un pays inventé allant de l’Iran au Maroc) et qui rêve de parcourir le monde. Le problème ?

Elle vit dans une société très conservatrice. Comme Zainab Fasiki l’a expliqué à plusieurs reprises, cette histoire est un peu la sienne, celle d’une jeune fille qui rêve de liberté, mais qui vit dans une famille conservatrice religieuse.

Lorsqu’elle a commencé à se déplacer seule dans d’autres pays pour sa carrière, il fallait convaincre ses parents que voyager n’allait pas la faire sortir du droit chemin. Mais, ces restrictions ont commencé bien avant. Ses frères ont toujours eu plus de liberté qu’elle. Ils avaient le droit de sortir quand ils voulaient, contrairement à elle, et à la plupart des filles, au Maroc.

L’artiste n’hésite pas à représenter la femme dans son plus simple appareil, mais également dans des postures fortes, afin de pouvoir libérer la femme de cette unique sexualisation que les hommes leur portent. Ainsi, la femme peut se réapproprier son corps et sa sexualité et soit être une héroïne nue et forte avec tous les attributs qui font justement d’elle une femme.

 

L’art comme moyen privilégié de tendre à l’égalité des sexes

Malgré les nombreuses menaces dont elle fait l’objet, Zainab Fasiki continue son travail et pense que l’art est un moyen qui permet de briser les tabous dans la société marocaine et dans les sociétés patriarcales en général.

Selon elle, Internet à l'avantage de l’anonymat pour les personnes qui désirent se renseigner sur les sujets qu’elle traitent à travers ses dessins, de les protéger et d'éveiller progressivement les mentalités.

Bien sûr, c'est un travail à long terme, en concert avec les autorités. Mais c'est un bon début, puisque des collectifs et des associations la soutiennent et la contactent  pour des projets comme la revue Skefkef.

Pour la soutenir, n’hésitez pas à suivre son travail sur Instagram !

 

Dans la même série :

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"Sayonara Miniskirt" : comment l'art du manga touche la question du sexismeRap et femmes assumées : l'art de la musique bouleversent le féminisme

 

Sources :

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